L’après guerre froide : que faire des armes ?

Quelques semaines après la déclaration d’Alain Gomez, un cessez-le-feu intervenait entre l’Iran et l’Irak – mais Thomson n’a pas " coulé ". Et il a bien fallu que cette société (dont la majeure partie du chiffre d’affaire est constituée par les ventes d’armes) et de très nombreuses autres, trouvent d’autres marchés. La France est, selon les périodes, le deuxième ou le troisième pays exportateur d’armes dans le monde. Et on comprend mieux pourquoi lorsque l’on connaît la part incroyablement active de tout l’appareil d’Etat dans ce processus.

En 1984, dans une note " confidentiel défense " publiée dans Le Monde du 19 janvier 1984, le délégué général à l’armement du ministère de la défense français demandait à son directeur des affaires internationales de mieux étudier les marchés extérieurs en vue " de redéfinir les zones et les pays sur lesquels doivent être accentués nos efforts (sic), de prévoir les inflexions à donner (re sic) pour tendre à une répartition plus équilibrée de nos ventes, de réexaminer les moyens d’attaquer le marché avec le maximum d’efficacité (aides au financement, réseaux commerciaux) ".

Non… Malgré les apparences, il ne s’agit pas d’un plan stratégique commercial élaboré par un cabinet de consultants visant à relancer les exportations d’une entreprise d’informatique ! Mais bel et bien d’une note top secrète du ministère de la défense visant à " relancer " les ventes d’armes lorsque les tensions internationales entre les deux blocs est et Ouest commencèrent à diminuer. Si nous débarrassons cette directive de son langage aseptisé et administratif, sa réelle signification fait froid dans le dos.

En d’autres termes, elle demande de :

1. Trouver des pays et des zones géographiques dans lesquelles des conflits actuels ou potentiels pourraient exister.

2. Trouver de nouveaux clients même s’il faut ‘donner des inflexions’ (peut être attiser un conflit potentiel ?).

3. Monter une machine commerciale utilisant des moyens marketing ou moins conventionnels pour emporter les marchés à tous prix.