Au service des marchands d’armes

En dehors des implications que cette note suggère, il est frappant de constater qu’elle n’est pas émise par une entreprise mais par un des plus haut responsable du Ministère de la défense. Autrement dit, il semble que la direction générale de l’armement chargée à l’origine de fournir l’armée française en armes, se met simplement au service de sociétés colossales d’intérêts privés.

Et lorsque l’on examine certains faits, non seulement c’est bel et bien le cas, mais c’est l’ensemble de la classe politique au pouvoir, qu’elle que soit sa couleur, qui a servi de VRP à ces multinationales du marché de la mort (Thomson, Aérospatiale, Dassault, Snecma, Matra, etc.).

Dans un article du Monde du 28 novembre 1983, Pierre Marion, l’ancien directeur des services secrets français n’hésitait pas à affirmer que : " la classe politique n’est pas capable de contrôler le complexe militaro-industriel. ".

Quelques années plus tard dans un article du Monde Diplomatique, d’avril 1988, l’Amiral Antoine Sanguinetti poussait le raisonnement plus loin et expliquait comment l’appareil d’état et le monde politique était en quelques sortes infiltré et comment la politique française en était influencée :

" Dans les cabinets du ministre de la Défense, comme dans celui du délégué, les ingénieurs de l’armement sont assez nombreux pour veiller efficacement aux intérêts de la corporation. Ils s’y créent des relations et solidarités utiles. Avec leurs collègues inspecteurs des finances ou contrôleurs des armées, ils reçoivent les dividendes de leur efficacité et de leur dévouement en pantouflant dans les postes de direction de l’industrie d’armement, sans abandonner pour autant leurs retraites “militaires”.

Plus grave encore, les chefs militaires de très haut niveau ont été contaminés et se recasent, en violation de la loi, dans les mêmes conditions. On veut espérer que ce n’est pas en fonction de la souplesse ou de la compréhension témoignée envers leurs fournisseurs de matériels quand ils étaient en service actif.

La mainmise totale du corps de l’armement sur la tutelle des industries dont il procède a une conséquence immédiate : le complexe tentaculaire ainsi créé avec les principaux secteurs industriels du pays - mécanique, aéronautique, électronique, informatique, nucléaire et chimique depuis peu - est en position de détourner les crédits militaires d’investissements vers un soutien incontrôlable d’intérêts techniques ou financiers particuliers. Les armes ne sont plus étudiées et fabriquées en fonction des doctrines de défense réfléchies à l’échelon politique. Ce sont les doctrines qui sont adaptées, tant bien que mal, à l’emploi des armes produites. "

Une machine infernale au service d’intérêts privés est en place dont les objectifs dictent la politique et les décisions non seulement des instances nationales mais aussi de très nombreux pays, minorités ethniques ou autres groupes dans le monde. Les politiciens en deviennent les VRP et les contribuables français, comme nous allons le voir, les dindons de cette farce macabre.