Les VRP

Lorsqu’il s’agit de grands contrats avec des pays dont le rôle international est évident, le représentant de commerce des marchands d’armes n’est autre que le Président lui-même qui au cours de ses visites officielles conseille vivement les " grands alliés de la France " d’acheter quelques Mirages ou des chars AMX. Les Ministres et la cohorte de hauts fonctionnaires de la Direction générale de l’armement aident à régler les détails de ces affaires conclues à un tel niveau. Pour les pays dont l’intérêt stratégique est moins évident, voir même lorsqu’il s’agit de pays ou de réseaux dont les activités sont carrément contraires à la politique officielle affichée par la France, les VRP sont des hommes plus discrets qui font jouer leurs réseaux d’influence et d’intermédiaires, leurs relations personnelles, etc. au cours de voyages beaucoup plus discrets. Ces hommes de l’ombre, qu’ils soient députés, sénateurs, hauts fonctionnaires, conseillers techniques dans des ministères, conseillers particuliers des ministres, représentants de certaines ONG, intermédiaires spécialisés, ingénieurs de l’armement, banquiers, avocats internationaux, etc. constituent de véritables réseaux parallèles au service du complexe militaro-industriel. Et il arrive parfois, que ces mêmes réseaux soient eux-mêmes influencés ou détournés de leurs objectifs premiers (l’argent) pour servir des intérêts idéologiques beaucoup plus complexes et que les commissions rétrocédées servent d’autres buts que ceux annoncés.

A ce titre, les membres du parlement des partis au pouvoir sont particulièrement bien placés pour devenir les représentants officieux du secteur des ventes d’armes. Ils peuvent effectuer de nombreuses missions à titres officiels dans tous les pays du monde en dehors du regard de la presse et des caméras et sans que quiconque puisse leur demander des comptes précis ; ils sont en liaison directe avec le pouvoir en place et peuvent facilement se prévaloir d’une autorité quasi-officielle ; ils sont corruptibles soit à titre personnel, soit parce que les dernières années ont montré que les partis politiques n’ont reculé devant aucune turpitude pour financer leurs activités.

Tous les spécialistes des mœurs du parlement peuvent le confirmer. Des députés ou des sénateurs sont utilisés pour défendre certains intérêts particuliers. C’est ce que l’on appelle un lobby. Certains hommes politiques sont pratiquement devenus des représentants de certaines corporations ou industries et évidemment, le complexe militaro-industriel n’échappe pas à cette règle et à ces pratiques. Il est de notoriété publique que le principal représentant de ce lobby a longtemps été et ce jusqu’à sa mort récente, le sénateur Etienne Dailly. Nous reviendrons amplement sur la personnalité de Dailly et sur ses activités dans ce domaine dans un prochain article. Nous pouvons déjà affirmer que le fameux sénateur mis en place une sorte de réseau constitué de personnes visant à lui succéder ou à augmenter le pouvoir de pénétration des marchands de mort aussi bien dans les partis de droite que dans les partis de gauche. Mais un des problèmes, c’est qu’un bon nombre de ces Partis avaient eux-mêmes été déjà pénétrés par des mouvances dont les intérêts idéologiques n’étaient pas ceux officiellement annoncés.